Episode 2 : Elle n'avait que douze ans
Tout était là. Propre. Nettoyé à la perfection. Tout minutieusement installé sur la table de la cuisine. Les balles à droite et le pistolet accompagné d’un silencieux à gauche. Elle avait essuyé à plusieurs reprise la sueur qui s’était déposée sur son front se mêlant au stress. Elle y avait réfléchi toute la nuit, se privant de sommeil, pesant le pour et puis enfin le contre. Elle avait finit par se rendre compte que le nombre de pour était plus nombreux que le nombre de contre. Elle n’avait jamais fait cela. En temps normal cela ne lui aurait même pas traversé l’esprit de devenir ce qu’elle allait devenir. Sa respiration était régulière contrairement à ses gestes. Elle savait qu’elle ne pourrait plus faire marche arrière une fois qu’elle aurait appuyé sur la détente. Mais pouvait-elle rester là les bras croisés ? Pouvait-elle continuer sa petite vie tranquille alors que son amie était enterrée six pieds sous terre ? La réponse qui lui vient à l’esprit la conforta dans son choix. Elle enfila la paire de gants et prit son sac. Elle allait sortir quand son téléphone sonna. L’appel ne dura que quelques secondes. C’était Digi qui voulait savoir si la soirée de ce soir tenait toujours. Bien sur que la soirée de ce soir était maintenue. Continuer à vivre. Continuer à faire semblant. Continuer. Ne faire que continuer. Dehors le froid lui glaça le visage, il avait annoncé une tempête dans la matinée mais elle n’avait pas montrée son bout du nez. Elle marcha d’un pas vif au milieu de tous ses gens le sourire aux lèvres. Comment pouvaient-il rire encore ? Comment osaient-ils avoir l’air heureux alors qu’elle, elle ne l’était pas . Elle ne regarda pas où elle allait quand soudain elle rentra dans un jeune homme qui passait par là. Il l’aida a ramasser son sac. Elle lui arracha violemment des mains par peur qu’il découvre l’arme. Gênée par son geste elle le remercia avant de repartir sur son rythme de départ. Elle tourna à l’angle de la rue, et s’engouffra dans le métro. Elle avait appris le chemin par cœur. Sur le bout des doigts. Elle savait tout, les magasins qui croiseraient sa route, les noms des rues, des parkings. La vérité se trouve dans le détail. Elle sortie à la station numéro 10. Sonna à un appartement . La voix de Mister D résonna dans l’escalier. Elle vérifia que personne n’avait vu qu’elle était venu. Elle déballa son sac sur la table du salon. Il y avait assez de balles pour canarder un régiment de militaire. Mister D siffla pour montrer sa surprise. Mais Tratine lui imposa le silence. Elle lui tendit une arme et un sachet de balle les mains tremblantes. Le jeune homme saisit l’arme et la jugea du regard avant de faire comme si il la chargeait. Tratine avait bien nettoyé l’arme cela ne faisait pas de doute. Elle lui donna les derniers conseils puis s’éclipsa. Mister D dans son appartement se vêtit de noir et enfila avec délectation les gants que son amie lui avait donner. Il se regarda devant la glace. Sourit et claqua la porte en sortant.
De l’autre côté de la capitale Gros Minet et Digi préparaient les derniers détails pour la fête qu’ils avaient tous prévu. Digi s’occupa de la sono, de la décoration tandis que Gros Minet elle s’agitait devant les fourneaux. Quelqu’un frappa à la porte, c’était Jam qui avait prévue de venir leur filer un coup de main, elle logeait chez une amie à elle sur Paris le temps d’un week-end et avait décidé de profiter un peu de sa virer parisienne pour passer un peu de temps avec les membres de l’Hexateam.
Dans la ruelle sombre, un jeune homme marchait à pas de loup. Il avait repéré une fenêtre allumée au dixième étage. Il ne lui restait plus qu’à grimper là haut. Oui, mais comment ? Il scruta les lieux . Ses yeux se posèrent sur une échelle de secours qui donnait sur la fenêtre à côté. Il tremblait. Pas de froid non, il tremblait de peur. Il ferma les yeux pour prendre une intense inspiration. Sa vie allait basculée. Mais sa vie n’avait-elle pas déjà basculée quand son amie avait été délibérément assassinée un beau soir d’été. Il essaya de contenir le flot d’émotion qui venait d’envahir ses pensées et sortit son arme, la chargea et la mis dans sa ceinture. Il saisit les premiers barreaux de l’échelle et commença son ascension. A quelques mètres de là Tratine guettait la ruelle. Elle savait au fond d’elle que la prochaine fois ce sera elle qui sera là bas. Dans le noir. Une arme à la main. La vie d’une personne entre ses doigts. Elle voulut partir en courant mais elle resta figée sur place.
Gros Minet commençait à s’inquiéter, il était 21h passée et Tratine et Mister D n’étaient toujours pas arrivés . Leurs téléphones ne répondaient pas .
Il ouvrit la fenêtre délicatement. Quand il alluma sa lampe de poche. Il voulut faire demi tour . Partir en courant et ne plus revenir, disparaître comme on fait disparaître un héros de fiction. Ne plus exister en un claquement de doigt. Peur de paraître lâche. Peur de paraître faible. Peut de ne pas rendre l’image que Tratine espérait de lui. Ce plan ils l’avaient mis au point ensemble. Ensemble. Mais jamais il ne lui serait venu à l’idée que la tâche serait si dure. A-t-il le droit de venger. Ce désir de vengeance qui bouillonne en lui, qui bouillonne dans ses veines. Est ce du poison ou du sang qui coule en lui ? Soudain il se demanda si il était humain, si il avait un cœur. Comment peut-on changer en si peu de temps. Il y avait des peluches partout. Sur les planches vissées au mur, sur l’étagère en face. Au sol des jouets. Faire attention de ne pas trébucher . Faire attention de ne pas réveiller quelqu’un. Ne pas faire de bruit sinon tout allait tomber à l’eau. Mais sa vie était déjà noyée dès qu’il avait toucher l’arme, dès qu’il avait accepter. Des posters des 2 be 3 ici et là. Un poster de Tom Welling qui le ramena auprès de Gros Minet. Il regarda la cible et une larme coula sur sa joue refroidie par le vent. Puis deux. Un torrent se déversa sans qu’il ne puisse y construire de barrages. Il chargea son arme avec difficultés tellement l’épreuve qui l’attendait lui paralysait tous ses muscles. Il leva son bras droit afin de viser mais sa main trembla. Soudain il se retourna et s’apprêta à partir, fui et ne jamais revenir, paraître lâche. Mais n’est ce pas mieux que paraître assassin ? Il lui restait un mètre à faire pour passer par la fenêtre et oublier, oublier ce cauchemar qui se dessine dans ses rêves mais aussi dans ses pensées même le jour. Un tout petit mètre. Un mètre qui allait le faire basculer tout droit en enfer. Il se retourne rechargea l’arme. Inspira une bouffée d’air. Adieu Pekin Express, Adieu Koh Lanta… son futur ne sera plus qu’une ombre… un mélange de souffre…un goût d’enfer.
Elle n’avait que 12 ans.